(Novecento: un monologo, 1994)
Traduction : Françoise Brun. Langue d’origine : Italien
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce monologue théâtral :
Novecento est né en 1900 sur le Virginian, un paquebot de croisière qui sillonne inlassablement d’un coté à l’autre de l’Atlantique. Abandonné juste après la naissance, l’enfant sera adopté par un membre de l’équipage, le machiniste Danny Boodman. Novecento grandit sans jamais mettre les pieds sur la terre ferme, jusqu’à qu’un jour on va découvrir qu’il a un don prodigieux pour le piano. Désormais musicien attitré sur le Virginian, le virtuose Novecento trouvera son chez lui sur ce bateau, au milieu de l’océan, caressant les touches de son piano, et pour rien du monde descendrait pour connaitre ce qu’il a ailleurs.
Le pianiste sur l’océan protecteur :
Courte mais fascinante novella en forme de monologue théâtrale. Quelques didascalies appuient la narration, mais le livre est surtout un monologue livré autour de la figure du pianiste de l’océan par son ami de longue date, le trompettiste Tim Tooney, musicien sur le bateau lui aussi. Le récit est sobre et simple, mais rempli de poésie et finesse.
Dans une atmosphère fascinante, avec ce bateau de luxe comme unique décor, le récit devient fable humaniste. Petit à petit, grâce à l’enchainement des évènements marquants de cette existence singulière sur l’océan, on s’attache à ce personnage unique. Parfois naïf, souvent énigmatique, Novecento ne connait pas trop la jalousie, l’hypocrisie, ni la complexité des relations sociales. Il n’a aucun intérêt à sortir du bateau car il connait déjà le monde entier grâce à sa capacité inégale à écouter et retenir l’essence de ce que les voyageurs lui expliquent (voir citation). La société (symbolisée par la terre ailleurs le bateau) ne semble l’intéresser autre mesure. Novecento a déjà tout ce qu’il lui faut. Seul sur son piano, même au milieu d’une audience ébahie, Novecento restera toujours lui-même.
La narration déborde l’humanisme et la joie de vivre, malgré les nuages sombres qui se profilent à l’horizon, dans ce période d’entre guerres. Profonde et métaphorique, cette merveilleuse novella propose une réflexion prenante sur le sens de la vie, sur la petitesse des ambitions des humains dans une société abrutissante, et essaie de répondre à une simple question : Où réside le bonheur ?
Citation :
« Le monde, il ne l’avait peut-être jamais vu. Mais ça faisait vingt-sept ans que le monde y passait, sur ce bateau : et ça faisait vingt-sept ans que Novecento, sur ce bateau, le guettait. Et lui volait son âme. »
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