Littérature des 5 continents : EspagneEurope

Paradis inhabité

Ana Maria Matute

(Paraíso inhabitado , 2009)
Traduction : Marie-Odile Masek.   . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Madrid, années 20. Dans une grande maison bourgeoise, la jeune-fille Adriana ne s’adapte pas au monde que les adultes. Ces « Géants » avec leurs faux-semblants, leurs secrets et leurs non-dits, semblent inatteignables pour elle. Incomprise et seule, Adri trouve seulement dans la cuisine quelques alliées, les domestiques de la maison, pour le reste, elle préfère s’effacer. Jusqu’à l’arrivée de Gavrila, un jeune-homme d’origine russe qui est en visite avec sa mère. Ensemble, Adri et Gavrila vont se réfugier dans un univers caché et onirique dont eux seuls auront les codes, le paradis inhabité.

Le monde des adultes et le monde des enfants :

Adri est incomprise par ses parents, qui l’aiment à sa façon, mais semblent incapables de communiquer avec elle. Accablés par leurs propres problèmes, les adultes (les « géants » dans le livre), ne trouvent pas le mode d’emploi de cette fille silencieuse, si différente à la petite fille qu’ils avaient imaginée. Sous la menace de la guerre civile et des conflits parentales, les enfants trouveront leur échappatoire dans un univers imaginaire, loin de la réalité affreuse.

Réflexion sur le grand écart entre le monde des adultes et le monde de l’enfance, chacun avec son lot de secrets et langage codé. À l’écart des adultes, les deux enfants établiront une douce connexion, tissé entre livres, rêves et secrets. Leur univers onirique, décalé, remplie de licornes et armoires magiques, va combler leurs souhaits de fuite, et leur fascination mutuelle va s’accroitre. Leur amour va finir pour attirer le regard des adultes, qui avaient fini pour ignorer Adri. Ces deux mondes vont entrer en collision, dévoilant le côté sombre des deux mondes.

L’enfance, sujet de prédilection de la brillante écrivaine espagnole, n’est jamais décrite avec les codes des adultes. Toujours il y a un soin pour retrouver un vrai point de vue d’enfant, avec toutes les angoisses et les secrets qui vont avec, et leur dose de désespoir. Un univers poétique et fascinant rempli de sensibilité.

Le pessimisme, la tristesse de l’enfance, les secrets des adultes et leur monde horrible, le monde imaginaire crée par les enfants pour échapper à une réalité agaçante, le passage à l’adolescence et l’ombre inquiétante de la guerre civile. Les thèmes chers à Ana Maria Matute, qui faisaient partie déjà d’un de ses premiers romans « Les brulures du matin », sont tous présents ici, 50 années après, dans ce poétique roman, un de ses derniers. Une sorte de testament de l’écrivaine.


Citation :

« J’avais peur du monde qui m’attendait la gueule grande ouverte, le monde horrible dont j’entendais dire qu’il grouillait de méchants prêts à mettre le feu, à rouer de coups des êtres aussi bienveillants et attendrissants que Teo. »

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