(Gut gegen Nordwind, 2006)
Traduction : Anne-Sophie Anglaret. Langue d’origine : Allemand
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Emma, femme mariée, envoie un mail de résiliation au magasin Like, mais faute de frappe, le mail arrive dans la boîte mail d’un certain Leo Lieke. Il s’en suit un croisement de mails, au début banal, puis de plus en plus personnel et profond, jusqu’à que cet échange épistolaire devient indispensable pour tous les deux. Protégés par l’anonymat de leurs identités cachées, ils se trouvent dépendants de ces interactions piquantes, cyniques mais aussi émouvantes, car la sincérité et spontanéité de leurs communications contraste avec tout ce qu’ils ont pu vivre auparavant. Mais la peur que le passage à la rencontre réel gâche leur relation devient une véritable obsession. Combien de temps cette relation virtuel va résister l’appel de la vraie rencontre ?
Coup de cœur virtuel :
Roman épistolaire avec plus de profondeur qu’on peut imaginer au départ, ‘Quand souffle le vent du nord’ s’attache à nos montrer le contraste entre le confort du quotidien et le frisson de l’inconnu. Le plus que Leo et Emmi passent du temps sans se rencontrer physiquement, le plus que leur fantasme mutuel grandit et fait impossible la vraie rencontre. Leurs identités idéalisées sont petit à petit assumées comme vraies, car tous les deux savent très bien que la réalité ne pourrait que les décevoir. Ou peut-être pas ?
Autour de ce sujet moderne et intéressant on trouve deux personnages assez complexes, dont on ne sera jamais sûr au cent par cent de connaitre leurs vraies personnalités. Tout le roman est une série de mails échangés et écrits à la première personne, donc ils se peut que beaucoup d’éléments soient exagérés, qu’il y ait des mensonges ou des mésinterprétations. Emmi est sans doute plus secrète et plus sournoise que Leo, qui est plus pur et assumé dans ses intentions, mais aussi plus complexe. Les deux vont se montrer comme redoutables manipulateurs des émotions de l’autre et finalement, de ses propres sentiments. Malgré eux, ils susciteront l’empathie, enfermés dans le fantasme de la relation virtuel qu’ils ont bâti, prisonniers de l’espoir d’un bonheur inatteignable car inexistant dans le plan réel.
Avec une lecture assez aisée et un langage relativement simple, ‘Quand souffle le vent du nord’ est un très agréable roman qui se lit tout seul. Une suite appelée ‘La Septième Vague’, est parue en 2009.
Citation :
« On ne peut pas reproduire le bon vieux temps. Comme son nom l’indique, ce temps est vieux. Le nouveau temps ne peut jamais être comme le bon vieux temps. S’il essaie, il semble aussi défraîchi et usé que celui qu’il souhaite voir revenir. »
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