(Senyoria, 1991)
Traduction : Bernard Lesfargues. Langue d’origine : Catalan
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Barcelone, 1799. L’aristocratie ne pense qu’à fêter le changement de siècle avec une grosse cérémonie à la cathédrale suivi d’une réception en grand luxe, mais l’assassinat de la cantatrice française crée l’émoi. Sa seigneurie Rafel Masso, régent de l’Audience Royale, le plus haut responsable de la justice catalane, et accessoirement amant de la chanteuse et impliqué dans le crime, trouvera le coupable idéal dans Andreus, un poète sans le sou qui menaçait sa tranquillité avec des documents compromettants qui auraient pu entrainer sa chute. Pour éviter une enquête et s’en débarrasser de ce pauvre innocent, sa seigneurie en fera un coupable modèle.
Corruption à tire-larigot :
Roman très cynique, dans lequel les lueurs d’espoir ne viendront jamais de la justice, véritable gouffre de pourriture présentée ici comme une chimère. L’église, l’aristocratie, la monarchie, les institutions, tout est corrompu et vil.
Personnages très marqués et bien construits, dans un récit complexe qui se déroule sur une temporalité éclatée, mais qui obtient sa solidité orbitant autour de son personnage central, Rafael Masso, sa seigneurie, un être humain immonde et sans empathie, qui fait et défait la justice à sa guise, respecté et craint car appartient à la classe dominante et il a la main mise sur tout (voir citation).
Le côté sombre de l’être humain, l’hypocrisie des classes dominantes, la corruption des puissants, l’histoire, l’astrologie, l’art et la musique, mais surtout le déni de la justice sont thèmes chers et habituels dans l’œuvre de Cabré, et ils seront aussi développés dans ce livre mi-roman historique, mi-étude de mœurs, mi-roman policier. Le roman est complexe mais il est peut-être plus accessible que d’autres œuvres de l’auteur.
Citation :
« Don Rafael était le plus envié, le plus haï et le plus craint parce qu’il était influent, inflexible et corrompu, trois qualités qui allaient normalement de pair avec la carrière de ceux qui, en ces années de grâce, tenaient le haut du pavé à Barcelone. »
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