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Teresa l’après-midi

Juan Marsé

(Ultimas tardes con Teresa, 1966)
Traduction : Jean-Marie Saint-Lu.   . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Barcelone, années 60, en plein franquisme. Manolo, appelé bande à part, est un vaurien séducteur et voleur de motos qui rêve de séduire une fille de la haute société. Lors d’une soirée, Bande à part, qui se fera passer par un ouvrier aux nobles idéaux, séduira Maruja, en croyant que sa cible est une fille bourgeoise, mais qui en réalité est simplement la bonne de l’héritière Teresa. Cette dernière, une universitaire décomplexée, aux allures de rebelle d’avant-garde, fascine Manolo Bande à part. Ses rêves d’ascension social peuvent se concrétiser sur l’inaccessible Teresa.

Jongler avec les classes :

Le thème principal de ce merveilleux roman est les difficultés d’établir des vraies relations entre classes sociales et l’aspiration de posséder toujours ce qu’on n’a pas. Manolo, né dans la misère et la marginalité, est un clair produit de la picaresca, son rêve est de s’affranchir des chaînes qui le tirent vers le bas et se propulser vers la bourgeoisie en utilisant son meilleur atout, son charme canaille irrésistible.

Faux triangle amoureux entre Teresa, Bande à part et Maruja, le roman se concentre sur la relation entre Bande à part (Pijoaparte dans la version originale) et Teresa, et le contraste saisissant qui les sépare au même temps qui les attire. Maruja, la bonne, sera une victime collatérale de la lutte de classes. Dans son obsession pour l’ascension sociale, le charmeur Bande à part mettra beaucoup de temps à analyser les vrais sentiments qu’y sont impliqués. Et Teresa, la belle blonde mystérieuse, essayera de son côté d’assumer ce petit encanaillement comme un épisode frivole de plus dans la légèreté de sa vie bourgeoise. Mais la réalité va les rattraper tous les deux.

La géographie sociologique des lieux aide énormément au sujet principal du roman, en nous présentant le quartier de San Gervasio, où habite la haute société barcelonaise, comme aussi des somptueuses villas méditerranéennes, où l’été bourgeois dérive avec insouciance. Marsé va confronter cet univers des privilégiés aux quartiers pauvres de la Barcelone des années 60, remplis de voyous, misère et des gens qui vivotent dans la marge.

Inoubliable roman avec deux fabuleux personnages opposés, décrits avec autant de mystère que tendresse.


Citation :

« Sache-le, il suffit de caresser une seule fois cette belle chevelure d’or, ces genoux de soie pleins de soleil, il suffit d’abriter dans la paume de sa main ce double univers de fraise et de nacre pour comprendre qu’il est le luxueux enfant d’un effort social et qu’il faut le mériter par un effort semblable, qu’il ne suffit pas de tendre tes serres tremblantes et de t’en saisir. »

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