(Feðgar á Ferð, 1940)
Traduction : Pas connue. Langue d’origine : Féroïen
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Îles Féroé. Après une chasse des baleines plutôt réussie, le village de Sørvágur est en ébullition, tout le monde mange, boit et fête la fin de cette journée unique et importante pour la vie économique et social du village. Le vieux Ketil, accompagné par son plus jeune fils Kálvur, fier de l’argent gagné dans la chasse, décide de participer dans les enchères et achète à crédit 18.000 kilos de viande de baleine. Pour ce faire ils doivent s’endetter. Sauf que la famille ne pourra pas se permettre un tel endettement, et bientôt Ketil va se rendre compte de la bêtise qu’il a fait avec cet achat, mais c’est trop tard pour revenir en arrière, car sa dignité est en jeu.
L’ancien mode de vie, en voie de disparition face à nouvelle génération :
Si vous ambitionnez de lire un livre de chaque pays, ou vous êtes dans un challenge littéraire similaire, ‘The old man and his sons’ est intéressant. C’est le classique Féroïen par excellence : Un choix parfait pour connaître la culture des îles Féroé, et un mode de vie connecté à la mer et à la nature, désormais disparu.
Les îles Féroé sont rattachées au Danemark mais considérées par sa constitution comme un pays proprement dit. Heðin Brú (bonne chance pour prononcer cela), grandit là-bas, dans ce milieu décrit dans le livre, et connait bien la culture de la chasse des baleines, qui est décrite avec tout luxe de détails dans le premier épisode. Certaines âmes sensibles peuvent être perturbés par cette tuerie, s’ils regardent cela avec les yeux d’aujourd’hui. Le roman se centre aussi dans le côté austère de la vie dans cette région enclavée, et il nous parle aussi de la dignité et fierté qui souvent domine totalement les rapports sociaux de cette société fermée. Par exemple, Ketil ne reviendra pas sur son achat aux enchères, pour la simple peur de perdre la face devant tout le village.
Mais le sujet principal du livre est surtout le fossé générationnel qui se creuse entre la vieille génération, dont le mode de vie est en voie de disparition, et la nouvelle génération qui n’a pas les mêmes valeurs. Le roman décrit l’existence plutôt dure et triste de la famille de Ketil, qui a des énormes difficultés pour rembourser leur dette, mais ne manque pas d’instiller de l’humour, notamment grâce à une panoplie de personnages secondaires décrits avec fine ironie. Malgré que la solidarité dans le village soit très présente, les enfants de Ketil, souvent semblent effondrer leur père davantage dans ses problèmes plutôt que l’aider à s’en sortir, et parfois le pauvre vieux semble un Père Goriot Féroïen, exploité par ses propres enfants.
Même avec quelques redondances dans la deuxième partie, le livre reste très intéressant et le sujet de la relève générationnelle est bien adressé. Malheureusement, au moment d’écrire ces lignes (2022), le livre n’existe pas traduit en français, du coup j’ai lu la traduction en anglais ‘The old man and his sons’. Le titre originale ‘Feðgar á Ferð’ devrait se traduire plutôt comme ‘Père et fils en mouvement’.
Citation :
« Il y avait un boucan d’enfer à l’extérieur de la maison : Les grands enfants. Maintenant qu’il y avait de la viande à la maison, on ne pouvait pas ouvrir la porte sans les voir se faufiler dedans pour quémander un morceau. Ils étaient insatiables »
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