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Un roman naturel

Guéorgui Gospodinov

(Естествен роман, 1999)
Traduction : Marie Vrinat-Nikolov, Phébus. Langue d’origine : Bulgare
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Un écrivain en plein divorce recherche un approche littéraire original pour son propre roman. Un roman naturel dans lequel les logiques littéraires ne seraient respectés et serait composé que des débuts de roman. Le manuscrit de ce roman arrive aux mains d’un journaliste qui, fasciné par l’étrangeté du texte, souhaite contacter l’auteur, sauf que celui-là, est maintenant un sans-abri de difficile approche.

Métafiction perchée

‘Un roman naturel’ est salué unanimement par la critique comme un des romans le plus créatifs de ces dernières années. Je serai tenté d’adhérer à ce parti pris : Ce livre inclassable, roman de la création d’un roman, est vraiment un OVNI littéraire de premier ordre. Sauf qu’il part tellement dans tous les sens, que pour un lecteur lambda comme moi, la lecture devient un peu confuse et sans objectif. Le livre est court, avec des multiples subdivisions et chapitres très courts, ce qui facilite la lecture, mais il n’y a pas une vraie structure. Je pense que c’est sans doute un écrivain de génie, et j’ai aimé lire ce roman unique mais je ne suis pas trop sûr de l’avoir apprécié.

Le roman s’aligne dans une sorte de postmodernisme (parfois surréalisme), car il essaie de ne suivre aucune logique littéraire. Chaque chapitre pourrait être le début d’un nouveau livre. Les dérives et incartades narratives en tout genre sont très fréquentes, pour moi ce roman a un petit air du Paul Auster de ‘Moon Palace’. Mélangé avec le récit de l’écrivain (Gospodinov lui-même) qui divorce, a divorcé ou va divorcer, on retrouve conversations dans un bar, éléments nostalgiques d’une enfance bulgare aux années 70, annotations philosophiques des hommes et les toilettes, un entretien avec une mouche en vue à saisir son point de vue…

Aucun de ces chapitres/débuts d’histoire n’est pas important en soi, mais la combination de tous ces éléments compose un ensemble assez abouti malgré tout. Certains éléments narratifs se répètent (les mouches, le W.C., le concept d’histoire naturel appliqué à l’homme…) et solidifient ce récit par ailleurs complétement anarchique.

Bref, si vous croyez que cela est trop perché, eh ben… vous avez bien raison. Mais si toutefois vous êtes curieux d’en savoir plus, lisez ce quelques extraits du livre dans lequel le personnage Gospodinov lui-même nous fait un florilège des intentions littéraires du livre.


Citations :

« Pourquoi cet intérêt soudain par les mouches ? J’ai réussi à me convaincre que c’est pour le roman que je veux écrire. Un roman à facettes, comme la vision d’une mouche. »

 

« C’est un fait indiscutable que mes annotations sont de plus en plus brèves, de plus en plus chaotiques et éparses. J’avais commencé à écrire avec l’idée que ces notes composeraient le squelette de la structure d’un roman. En fin… Le roman sera polyédrique ou il ne sera pas du tout. »

 

« Personne n’a fait un film uniquement à partir de minuties. Uniquement à partir de séquences pas nécessaires. Un film fait avec tout ce qui a été normalement écarté des films précédents. »

 

« Le meilleur pour qu’une conversation soit fluide est qu’il y ait un sujet concret qu’il faut éviter »

 

« Je voulais écrire un roman dans lequel on trouverait de tout (tout ce qu’on ne trouve pas dans les romans), où il aurait une histoire naturelle des toilettes, des histoires personnelles, philosophie ancienne, conversations entendues à la sauvette, mouches et quotidienneté, listes des choses, débuts de roman. Tout, toute cette anarchie qui est dans la tête de quelqu’un qui essaie de raconter sa propre histoire insaisissable. Un roman sur l’impossibilité d’avoir un roman propre. »

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