(Una mala noche la tiene cualquiera, 1982)
Traduction : Denise Laroutis. . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Madrid, 23 février 1981. La Madelón, une flamboyante artiste trans andalouse, passera une sale nuit lorsque la balbutiante démocratie espagnole est mise à mal par la prise du parlement à Madrid lors d’un coup d’état, risquant de faire basculer le pays en arrière vers le fascisme. Tandis que des guardias civiles armés retiennent les députés en otage, la Madelón passe en revue sa vie, accrochée à la télévision pour suivre en direct les nouvelles. Comme beaucoup des espagnols elle craint la perte de cette liberté qui a été tellement difficile d’atteindre.
La fragilité de nos libertés :
Note : Même si selon la description du livre, écrit dans la foulée du 23F, la Madelón pourrait s’assimiler à un homosexuel travesti qui parle de lui-même au féminin, pour les lecteurs d’aujourd’hui il est clair qu’elle est plutôt une femme transgenre.
Comme s’il s’agissait d’une pièce de théâtre avec un seul personnage, ce court récit se centre exclusivement sur la Madelón et sa nuit d’angoisse avec la peur de tout perdre, mais le récit a une portée sociologique beaucoup plus large que cela. À travers la détresse de cette femme haute en couleurs, communiste, bavarde et incroyablement attachante, Mendicutti décrypte la fragilité de nos libertés, et comment ce qui a été ardument construit pourrait être anéanti en une seule seconde par l’absurde abrutissement des hommes.
De façon chaotique, lors de cette nuit de frayeur, la Madelón réfléchit à son passé et à son futur. Avec son côté loufoque d’andalouse extravertie et sa façon cocasse de s’exprimer, elle va teindre d’humour les aspérités et le coté noir de la narration. Témoignage incontournable de cet évènement marquant de l’histoire d’Espagne, ‘Une sale nuit’ parlera sans doute énormément à ceux qui comme moi (jeune barcelonais de quinze ans au moment de la prise du parlement), ont vécu le 23F en directe, mais aussi à tout lecteur qui sera séduit par le côté humaniste du roman.
Simple et émouvant, à la fois qu’incroyablement drôle, le récit s’érige en une véritable ode à la liberté. Belle réussite.
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