(En man som heter Ove, 2012)
Traduction : Laurence Mennerich. Langue d’origine : Suédois
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Ove, 59 ans, est un homme veuf au sale caractère, qui, après une retraite anticipée, passe toutes ses journées à faire le tour de son lotissement pour vérifier que voisins et visiteurs accomplissent le règlement intérieur de la communauté. Après la mort de Sonja, sa femme, Ove n’a plus jamais été le même. Complètement désœuvré et renfermé sur lui-même, s’ayant coupé de peu d’amis qui avait dans le voisinage, ce géant misanthrope ne trouve plus du sens à sa vie et souhaiterait disparaître pour rejoindre sa femme dans l’au-delà. Sauf que toutes ses tentatives de suicide, aussi minutieusement préparés qu’elles soient, vont finir en échec par l’intervention d’un voisin ou un autre. C’est comme ça qu’il va rentrer en contact avec l’extrovertie Parvaneh, une femme enceinte d’origine iranienne qui a déménagée dans la maison voisine avec son mari et ses deux filles.
Grand Torino suédois :
‘Un homme appelé Ove’ (je refuse d’utiliser le titre français car il est tout simplement épouvantable et trahit complètement l’esprit du livre) est une comédie de mœurs qui se lit avec une facilité déconcertante et qui vous réconcilie avec des bonnes vieilles valeurs humanistes d’entre-aide et de partage. Malgré que Backman appuie un peu trop sur la ficelle classique du ‘vieux grincheux insupportable qui en réalité a un gros cœur’, ce roman reste quand même très intéressant et entertaining. Cela se lit tout seul.
L’humour aigre-douce fait cible à chaque fois et ce pauvre homme sec et taciturne va vous ravir le cœur presque malgré lui. Car Ove, qui déteste être le centre d’attention, qui ne supporte pas d’être en société, va se trouver sollicité de tous les côtés au fur et à mesure que les voisins vont avoir besoin de lui. Je trouve beaucoup de parallélismes entre ce personnage et celui de Clint Eastwood dans son film ‘Grand Torino’ : Tous les deux sont des hommes murs plutôt râleurs et asociaux, bâtis à l’ancienne avec des valeurs conservateurs et certitudes inamovibles, obsédés par la qualité et fiabilité des voitures classiques, Saab pour Ove et grand Torino pour Eastwood, métaphores d’un monde qui ne devrait pas changer selon eux.
Sonja, l’épouse décédée, est le seul être humain pour lequel Ove adulte a eu des égards. Leur couple était défini par les contrastes inouïs qu’il y avait entre eux, lui incroyablement renfermé et timide et elle extraordinairement sociale et extravertie. Il n’y avait qu’elle qui le ramenait à la vie et qui lui donnait du sens, tandis que lui, avec son amour inébranlable, était le rocher sur lequel Sonja s’appuyait à chaque vacillation. Le vrai amour. Le sujet du deuil est évoqué d’une façon très juste et sans pathos et la détresse de cet homme dépourvu du phare qui a guidé toute sa vie, ne manquera de vous émouvoir.
Il y a quelques redondances, comme peut-être trop de suicides comiquement ratés, mais la narration reste agile. Et, malgré que les ficelles narratives soient un peu trop visibles, et nous mènent vers un dénouement un peu convenu et prédictible presque dès le départ (sans spoiler), c’est franchement bien écrit. Ce personnage central charismatique malgré soi est très touchant et l’histoire de son passé et de sa relation avec sa femme dégagent des tonnes de sensibilité.
Citation :
« C’est difficile d’admettre qu’on s’est trompé. Notamment quand cela fait beaucoup de temps qu’on se trompe. »
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