(1948)
Langue d’origine : Français
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Jean Rezeau, connu comme Brasse-brouillon, raconte ses années d’enfance en pays de Loire dans les années 20 du XXe siècle, au sein d’une famille de la bourgeoisie rurale. Notamment il nous racontera les rapports conflictuels avec sa mère, une femme sèche et sévère qu’il appelle Folcoche avec mépris. Tiraillé entre la rancœur et la haine de cette femme odieuse et son inexplicable besoin d’être aimé par elle, l’enfance de Jean sera dominée par une quête désespérée de revanche par toutes les vexations que cette mère monstrueuse lui a infligées.
Histoire d’une haine entre mère et fils :
Ce merveilleux roman, qui eut un succès remarquable dans la France de la post-guerre, est devenu un petit classique de la littérature française. Il se centre sur un sujet peu habituel, celui de la femme dénaturée. Le surnom donné à la mère de Jean est très à propos : Folcoche est une contraction de folle-cochonne, nom prêté à une truie qui mange ses petits après l’accouchement.
Le roman se centre sur la figure sombre de cette femme froide et cruelle, qui n’hésitera pas à utiliser toute sorte de stratagèmes pour humilier en permanence ses trois enfants, violence incluse, sous le regard de connivence d’un mari mou, complètement écrasé par la personnalité de sa femme. Uniquement intéressée par l’argent et la position sociale, Folcoche est incapable d’aimer, et ce manque d’empathie laissera des traces indélébiles chez sa progéniture. La rémanence des traumatismes de l’enfance est donc, le sujet clé du roman.
Avec un naturalisme et une sensibilité marquée dans la description des abimes les plus sombres de la psyché humaine, ce roman serait le digne héritier de l’œuvre d’Émile Zola, et Folcoche aurait pu être un personnage de la branche Macquart dans la fameuse saga des Rougon-Macquart de l’écrivain Aixois. Avec une base clairement autobiographique, ce règlement de comptes d’Hervé Bazin avec sa mère se poursuivit dans deux autres romans : ‘La Mort du petit cheval’ et ‘Le Cri de la chouette’, ou on reprenait les mêmes personnages quelques années plus tard.
Doté d’un style classique plutôt cynique, l’extraordinaire prose de Bazin est relevée et son lexique très recherché, mais cela ne tombe jamais dans la prétention ni fait perdre de vue le côté réaliste de l’œuvre. C’est dur et tordu mais aussi très beau et brillant.
Citation :
« Moi, je ne t’aime pas ; je pourrais te dire que je te hais, mais ça serait moins fort. »
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