Littérature des 5 continents : EspagneEurope

Yerma

Federico García Lorca

(Yerma, 1934)
Traduction : Albert Bensoussan.   . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐⭐

Ce que raconte ce pièce de théâtre :

Yerma est une femme mariée que devant l’impossibilité de tomber enceinte, trouve que sa vie est dépourvue de sens. Son mari, Juan, insensible devant la frustration de sa femme, ne lui apporte aucun réconfort, et le couple sombre dans la non communication. Malgré qu’on soupçonne que la cause réelle de l’absence d’enfants pourrait être attribuée au mari, Yerma, femme à la morale solide, ne peut pas imaginer la possibilité d’avoir des enfants avec un autre homme, même si cela débloquerait la situation. La jalousie de Juan sera le détonnant du conflit, particulièrement lorsqu’elle rencontre Victor, son amour de jeunesse.

Le drame de la femme réduite à la fécondité :

‘Yerma’ fut écrite et représentée en 1934, avec la grande dame du théâtre Lorquien Margarida Xirgu, qui incarna cette femme andalouse, réduite par les autres et par elle-même à son rôle procréateur, ce qui virera au drame quand cette mission ne pourra pas être remplie. Une atmosphère pesante accompagne la tragédie de cette femme opprimée par un homme qui a peu de compréhension pour son mal-être.

Yerma est un mot espagnol qui décrit une terre aride et stérile, donc la métaphore du prénom Yerma est claire dès le départ. Et comme d’habitude dans le théâtre de Lorca les symboles qui avancent les thèmes de l’histoire sont très présents : L’eau de la pluie, la source ou le lait, tous des liquides qui coulent, incarnent la fécondité, tandis que la stérilité est représentée par des solides arides comme le sable, la pierre, ou la terre sèche. Le mur représente aussi cette barrière infranchissable qui l’empêche de devenir mère et femme comblée.

Pour le publique actuel, le thème de la femme incapable d’assouvir le bonheur en dehors d’un rôle maternel pourrait froisser certains/es, surtout quand cela devient une véritable obsession dans le cas de Yerma, mais la sensibilité de Lorca, va plutôt orienter la critique vers l’institution du patriarcat, faisant de Yerma la victime d’un monde où la femme n’a pas d’autre objectif en dehors de la maternité. Dans tous les cas, la finesse du style Lorquien et la fabuleuse richesse poétique de son verbe, produisent l’enchantement, et font de cette pièce une œuvre de rare intensité.


Citation :

« Chaque femme a du sang pour quatre ou cinq enfants et lorsqu’elle n’en a pas, il se change en poison. »

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