(2010)
Langue d’origine : Français
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Nouméa, Nouvelle Calédonie. Après un passage à tabac, un affrontement fini en meurtre, Manuel, Roger, Daniel et Moueaou, se retrouvent au tribunal face au juge pour témoigner, ressasser les faits et découvrir s’il s’agit d’un accident ou d’un assassinat. Mais Manuel a un voyage prévu en Bosnie, et sera obligé de laisser son oncle Yashar et sa femme Camille en Nouvelle Calédonie. Il retrouve ses cousins à Sarajevo après les années terribles de la guerre des Balkans. Même si la reconstruction de la ville a bien avancée, les blessures du conflit ne sont pas prêtes à cicatriser. Manuel aura des choix complexes à faire.
Aller-retour Nouméa-Sarajevo :
L’œuvre de Kurtovitch a une empreinte poétique marquée et son phrasée est beau et littéraire sans être impénétrable ni inutilement complexe. Le livre se centre sur un ensemble de personnages qui tissent des liens amicales, familiers et d’entraide, donnant une haleine clairement humaniste au livre. De ce côté-là l’œuvre est intéressante et profonde, mais elle est beaucoup moins efficace sur deux sujets majeurs : D’abord la construction des personnages qui reste assez schématique, souvent ils sont décrits par ce qu’ils font plutôt que par ce qu’ils sont. Je ne saurai pas dire comment est Manuel, mis à part du fait qui est le protagoniste principal.
Mais c’est surtout le déroulement de la narration qui est confus et peu solide. Certaines parties de l’intrigue sont à peine évoquées et il y a beaucoup trop de digressions qui nuisent la lisibilité. Tandis que le journal de Moueneaou réfléchit sur la fatigue comme à concept philosophique, une intrigue plus classique et facile à suivre se déroule en Bosnie avec les préparatifs d’une opération clandestine. En parallèle le tribunal est en train de trancher sur le sujet du meurtre évoqué dans le premier chapitre. Dès le début Kurtovich a laissé ce procès judiciaire dans l’ombre, et il semble ne jamais vouloir l’éclaircir dans le roman. C’est confus ou bien je n’ai pas réussi à suivre les subtilités de ce roman, avec tellement des changements de rythme, de style et de narrations croisées.
Manuel, son voyage à Sarajevo, sa participation à la cause des dissidents, le lien avec sa femme et son oncle qui sont restés en Nouvelle Calédonie, les pensées de Moueneaou, le jugement qui se déroule suite à une altercation qui a fini en assassinat, beaucoup trop d’éléments disparates qu’à mon sens auraient dû être bien ficelés dans une structure plus solide. C’est très beau mais décousu. Toute la partie bosniaque, une bonne moitié du roman quand même, est de loin ma favorite, notamment par sa concision et clarté, qualités manquantes dans la partie Calédonienne. Reste la richesse du langage et un bon florilège de phrases splendides.
‘Les heures italiques’ est le deuxième roman d’une trilogie des romans plus ou moins indépendants, commencée avec ‘Good night friend’ et qui se finit avec ‘Dans le ciel splendide’.
Citation :
« Il n’y a ni paix ni sérénité dans cette vie parce que Yashar a raison, le passé est mort, le futur sera toujours vide, il n’y aura aucune aide de l’un ou de l’autre. »
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