(Fly Away Peter, 1982)
Traduction : Nadine Gassie. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Australie, 1914. Ashley Crowther rentre en Australie après des études en Europe. Le jeune homme a hérité la demeure de son père avec le splendide parc naturel qui l’entoure. Lors d’une promenade à cheval sur sa nouvelle propriété, Ashley retrouve le jeune Jim Saddler, naturaliste amateur qui connait par cœur tous les oiseaux qui nichent ou s’arrêtent dans le domaine. Ashley lui propose un travail, faire un inventaire des espèces du parc. Malgré la différence de leurs origines sociales, les deux jeunes hommes se lient d’amitié à travers l’amour des oiseaux. Cette passion sera partagée par une femme plus âgée qu’eux, Imogen Harcourt, une photographe qui parcourt la région.
La vie dans ce décor idyllique est menacée par la première guerre mondiale qui se dessine à l’horizon, car les deux jeunes hommes risquent d’être appelés à combattre en Europe.
Entre la tendresse et l’horreur :
Jim, jeune garçon plutôt timide, traumatisé par la violence de son père et le drame survenu dans sa famille, est le vrai protagoniste de la narration. ‘L’infinie patience des oiseaux’ va suivre l’évolution de son personnage le long de deux parties bien distinctes. Dans la première, le cadre est idyllique, Jim s’y trouve dans son élément, car il comprend largement mieux les habitudes des oiseaux migrateurs du domaine que celles des êtres humains. Dans la deuxième, le cadre est tout sauf idyllique. Face à l’horreur indescriptible des tranchées pendant la première guerre mondiale, Jim peine à comprendre le sens d’une telle folie.
La première partie est plus lumineuse, poétique et brillante, probablement plus original aussi. La deuxième partie est plus dramatique, implacable et dure. Plus marquante mais aussi plus conventionnelle. Personnellement j’ai sans doute préféré la première partie, mais j’aurais eu besoin de m’attacher plus à Jim pour trouver la vraie émotion dans la deuxième partie, or le personnage est resté globalement peu dessiné. En tout cas c’est clair que l’objectif du roman se trouve dans la comparaison et dans le contraste entre les deux situations, pour mener une réflexion sur la pureté de la nature et le non-sens de la cruauté de l’être humain.
Malouf nuance les deux visions, rajoutant du drame dans la poésie et de la poésie dans le drame. Il oppose le drame vécu par Jim dans sa vie familière avec le cadre poétique et apaisant de la nature lors de la première partie. Et puis, il insère des visions poétiques sur des oiseaux retrouvés et de la nature, au milieu de la boue, du sang et de la boucherie la plus inénarrable.
Malgré quelques longueurs et manque de profondeur dans les descriptions des personnages, le roman brille par la finesse avec laquelle il aborde ses thématiques. Le rapport entre la jeunesse et l’expérience, la métaphore de la migration, le rapport de l’homme à la nature, et la futilité de la guerre. Malouf réussit le pari de trouver un bel équilibre entre la tendresse et l’horreur.
Citation :
« Taquiner Jim l’amusait. Après tous ces mois de rude vie de camp Jim existait dans son propre monde, pas exactement à part, mais impénétrablement privé. » (Traduction improvisée)
0 Comments