Littérature des 5 continents : MicronésieOcéanie

The Book of Luelen

Luelen Bernart

(Titre original inexistant ou pas connu, 1977)
Traduction :   Pas connue.   Langue d’origine : Pohnpei/Anglais
⭐⭐

Ce que raconte ce livre d’histoire :

‘Le livre de Luelen’ est une compilation de siècles de tradition orale de l’île de Pohnpei (autrefois Ponape) en Micronésie. La narration reprend l’histoire de Pohnpei en l’agrémentant de toute sorte de traditions, mythes et légendes. On commence par la découverte de l’île et la stabilisation du récif, et la fondation de la ville de Nan Madol. Puis les conflits avec des factions cannibales. Au début les habitants de Pohnpei vivent sans hiérarchies, puis ils seront commandités par une dynastie de seigneurs. Les seigneurs Teleur sont durs, ils punissent les habitants avec des taches impossibles comme aller chercher un malpur, créature marine jamais vue, ou une plume de Tiripeijo, un oiseau rare. Plus tard, les seigneurs Teleur sont déposés et renvoyés en exile, suite à des invasions en provenance des îles voisines. Vers le XIXe siècle de notre époque, Pohnpei est marqué par les guerres avec les états voisins de Palan et Kiti. Et ainsi jusqu’à l’arrivée des européens, des missionnaires catholiques et protestantes, et de la colonisation, où l’île sera à tour de rôle sous domination espagnole, allemande, japonaise et nord-américaine.

La bible de Pohnpei :

Écrit puis dicté par Luelen Bernart à partir de 1934 et jusqu’à sa mort en 1946. ‘Le livre de Luelen’ avait la vocation de devenir un document de référence pour l’étude de l’histoire, les traditions et la mythologie de Pohnpei, adressé aux futures générations de ponapéens. Luelen pensa toujours son œuvre comme un livre d’histoire et jamais n’imagina une publication ou un intérêt international, donc son livre n’est pas du tout destiné à un lecteur occidental lambda. Les manuscrits laissés par Luelen et gardés par plusieurs de ses descendants, furent compilés et traduits en anglais par John L. Fischer, Saul H. Riesenberg et Marjorie G. Whiting pour la première fois en 1965, puis publiées dans une édition complète en 1977.

La bible est sans aucune doute la référence pour ce texte, probablement parce qu’il était le seul livre traduit au pohnpei qui était disponible à l’époque de Luelen Bernart. Avec ses versets, ses courts chapitres, ses poèmes et ses légendes encartées, la structure des deux livres est similaire. Un peu comme dans la bible, ici il n’y a pas vraiment de style, c’est simplement un récit détaillé de petites histoires qui décrivent légendes, épopées ou situations, sans aucune intervention narrative ou émotionnel. Tel personne arriva ici, il dit ceci et il fît cela. Fin. Suivante histoire. C’est simple et direct.

Le récit inclut plein d’éléments fantastiques comme des démons qui se transforment en humains et en anguilles géantes, cafards qui aident les héros, créatures mi-humain mi-poisson, humains qui se transforment en oiseaux, anguilles géantes qui tombent amoureuses de femmes humaines, géants avec plusieurs têtes, et humains divins qui habitent dans les cieux. Entre autres. La mythologie côtoie la botanique, la géographie, l’histoire, et les chansons.

Une bonne partie du récit est dédiée à lister et nommer des personnages, chefs, animaux, plantes, lieux géographiques, régions, etc…. Un nombre incalculable des noms improbables comme Lipalapanlah, Nanmolujai, Auntauiniap, ou Jomenkapinpil peuplent le récit. Presque chaque paragraphe nous rajoute au moins un nom. Même les choses ont des noms, comme un nœud qui s’appelle Muelimuel ou un canoë appelé Uaramaipual. Le document a une valeur scientifique incalculable et c’est la référence en matière de transcription de la tradition orale de la Micronésie, mais la réalité est que l’intérêt est très limité en tant que littérature au sens stricte. Pour le lecteur lambda il y a des fortes chances que cette lecture soit une bonne corvée.

‘Le livre de Luelen’ est disponible sur internet dans sa version anglaise. À ma connaissance le texte n’a pas de titre original et il n’a jamais été publié en sa langue originale, le pohnpei, ni dans une autre langue que l’anglais :

https://openresearch-repository.anu.edu.au/bitstream/1885/114853/2/b19142742_v.1.pdf


Citation :

« Les hommes ne circulaient pas les mains vides. Ils portaient avec eux des lances pour tuer les gens. Ils aimaient tuer les gens pour un oui ou pour un non à l’époque.” Traduction approximative)

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