(A soul of small places, 2022)
Traduction : Pas connue. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐
Ce que raconte cette courte nouvelle :
Dans un village enclavé du Sénégal, une bande de bergers a kidnappé et violé plusieurs jeunes filles à la sortie de l’école. La jeune écolière Woppa Diallo affronte ses peurs avec courage et protège sa petite sœur, mais un jour en rentrant de l’école elles se font attaquer. Des jours après, Woppa se réveille. Elle semble avoir tout oublié, mais apprend qu’elle était rentrée à la maison toute tachée de sang, sa sœur saine et sauve. Petit à petit la jeune fille apprend qu’elle est possédée par une entité étrange et terrible qu’elle n’arrive pas à contrôler.
Monstre anti-viol :
Cette très courte nouvelle décrypte la situation des viols au Sénégal, en dénonçant une certaine culture de tolérance de ce crime. Abordant les sujets de la peur, la justice et la vengeance, ce prenant récit est narré d’une façon surprenante et originale, entrant progressivement dans le terrain du fantastique. La narration permet de découvrir, au même temps que la protagoniste, qu’il y a quelque chose chez elle qui ne fonctionne pas comme il devrait.
Car Woppa est possédé par un Djinn dévorateur, quelque chose de violent qu’elle n’arrive pas à contrôler. Avec cette entrée dans un univers plus spirituel et symbolique, la nouvelle prend une tournure étrange et métaphorique, mélangeant le mythe et la réalité : Ce Djinn est le symbole d’une justice qui doit se réclamer à tout prix ? La présence de cette entité fait finalement arrêter ces viols indiscriminés ? Ce monstre terrible mais quelque part bienveillant est la seule solution au problème ? Il n’y a que la violence qui peut arrêter la violence ? En posant les bonnes questions et soulignant les défaillances de la société, les auteurs de cette nouvelle veulent sans doute entamer un dialogue profond autour du viol et de la justice au Sénégal.
‘A soul of small places’ remporta en 2023 le prestigieux prix Caine, décerné à des courtes nouvelles publiés en anglais par des auteurs africains.
Citation :
« Notre mère a raison d’être effrayée. Les gens pensent que les filles ne vont pas à l’école parce qu’on est des paysans ignorants. (…) Ce n’est pas de l’ignorance. C’est de la peur. Garde tes filles à la maison ou dans le cas contraire… » (Traduction improvisée)
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