Littérature des 5 continents : AfriqueGuinée-Conakry

L’enfant noir

Camara Laye

(1953)
Langue d’origine : Français
⭐⭐

Ce que raconte ce roman autobiographique :

Ce roman autobiographique retrace la vie de Camara Laye dès son enfance jusqu’à son émancipation. Né dans un village en Haute-Guinée, fils d’un forgeron et pressenti pour le succéder, l’enfant noir se retrouve avec un penchant pour les études, auxquelles il s’applique, d’abord dans son village et puis à Conakry.

Le pouvoir de la nostalgie :

Beau roman sur un ton très autobiographique, écrit à 25 ans, lorsque l’auteur complétait ses études à Paris. Ces souvenirs dépeignent, avec évidente nostalgie, un tableau idyllique de la vie de famille et de son entourage aimant et bienveillant en Haute Guinée. Les descriptions de la vie en Guinée à l’époque (Années 30 et 40) sont précieuses et très réalistes. Le quotidien se mélange avec la magie, la tradition avec les légendes. Mais le récit est assez factuel, une sorte de journal pas forcément très littéraire.

Au débout le côté légende est marquant : Le père qui caresse un serpent qui représente l’esprit de la famille. La mère qui a le pouvoir de tenir les crocodiles à distance. Mais, petit à petit ce côté magique du roman, s’effacera à mesure que l’enfant grandit. Le réel remplacera la rêve, l’enfant deviendra adulte. Effectivement, ‘L’enfant noir’ est un bildungsroman, un roman d’apprentissage ou de passage à l’âge adulte. Dans ce contexte, la scène clé du récit, la cérémonie de circoncision, est probablement la partie la plus émouvante. Et elle est décrite avec autant de détails que de tendresse.

Grand succès dans les universités francophones, surtout à l’époque, on peut se demander si cette bienveillance qui se distille de ce récit n’y est pour quelque chose. Rien ne dérange pas dans ce roman, tout est lisse et sans arêtes. Aucune critique même pas insinuée de la colonisation, plutôt la France est dépeinte comme le Graal, le rêve. La circoncision, la polygamie, et même l’excision apparaissent dans ce récit sans que ce regard bienveillant en soit perturbé. C’est peut-être le pouvoir de la nostalgie, ou c’est tout simplement le récit d’une enfance heureuse.


Citation :

« Oui, la case faisait face à la case de ma mère, je restais à la portée de la voix de ma mère, mais les vêtements, sur le lit, étaient des vêtements d’homme ! J’étais un homme ! »

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