(Les veus del Pamano, 2004)
Traduction : Bernard Lesfargues. Langue d’origine : Catalan
⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Catalogne, près des Pyrénées. Dans un village de montagne, à l’époque actuelle, une jeune photographe découvre dans une école abandonnée, un cahier caché derrière un tableau. Les secrets que quelqu’un a jalousement gardés, risquent de refaire surface. Elisenda, grande dame du village, verra son autorité et sa version des faits remise en question, dès que les échos de son passé vont résonner dans l’époque actuel.
La vérité est ma version des faits :
Fabuleux roman doté d’une complexe structure, non linéaire, avec des constants passages entre le passé et le présent, qui vont se nourrir mutuellement d’information manquante pour le lecteur. Des évènements qui sont arrivés pendant la guerre ont été maquillés et déformés pour faire une version des faits convenable. Mais après tout ce temps, la mémoire de certains personnages impliqués, mais qu’ils ne sont plus là, demande d’être réévaluée. Justice ou mémoire historique, appelle-le comme vous voulez. Certains personnages voudraient remettre en doute la version officielle et découvrir (au même temps que le lecteur) ce qui s’est vraiment passé. Mais d’autres forces vont se battre pour que tout reste dans l’état.
À souligner aussi ce fabuleux personnage d’Elisenda Vilabru, l’antagoniste du roman et femme d’une grande complexité, personnage à multiples facettes qu’on va égrainer le long du roman. Souvent odieuse, avec toutes ses ombres et ses faiblesses, elle sera malgré tout la favorite du lecteur, j’en suis sûr.
Avec un débat fascinant sur la véracité des versions officielles des faits que se déroulent en temps de guerre, et le devoir de déterrer la vérité, on est dans un merveilleux roman sur la mémoire historique. Blessures non cicatrisés, société fracturée et échos du passé impossibles de faire taire, voilà les sujets du roman.
Attention, comme d’habitude chez Cabré, ce n’est pas facile à lire, par la temporalité éclatée et pour la myriade de personnages qui peuplent le roman. Surtout au début, si on est déconcentré, c’est difficile de savoir qui parle et dans quelle époque on est. Mais sans aucun doute on est dans un des meilleurs romans de la narrative catalane contemporaine. Écrivain de talent stupéfiant au sommet de son art.
Citation :
« …la jeunesse m’est tombée dessus quand j’étais trop jeune. »
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