(Белые ночи, 1848)
Traduction : Pierre Pascal. . Langue d’origine : Russe
⭐⭐⭐
Ce que raconte cette novella :
Le narrateur, un homme solitaire de 27 ans, se promène sur le bord de la Neva à Saint-Pétersbourg, lorsqu’une jeune femme qui pleure attire son attention. Nastenka a un chagrin d’amour inconsolable, car l’homme qu’elle a tant attendu semble l’avoir oubliée. Le long de quatre nuits blanches, notre narrateur deviendra l’ami et confesseur de la jeune femme éplorée. Sachant que Nastenka le voit seulement comme un confident, il cachera ses vrais sentiments d’amour pour elle.
Heureux d’être malheureux :
Comme chantait Billie Holliday dans la chanson ‘Glad to be unhappy’ : ‘For someone you adore is a pleasure to be sad’ (Pour quelqu’un qu’on adore c’est un plaisir d’être triste).
Novella ou court roman romantique, ‘Les nuits blanches’ traite le sujet de la frontière entre l’amour et l’amitié, mais comme on pouvait s’attendre de Dostoïevski, noircissant le tableau, pour dépasser le stade du roman sentimental. C’est en réalité l’histoire du désespoir de deux êtres en détresse, qui n’arrivent pas à se retrouver au même stade émotionnel. Notre narrateur a eu le coup de foudre dès le départ par Nastenka. Il deviendra l’ami et confident qui cherche Nastenka malgré la souffrance de voir le cœur de sa bien-aimée pris par un autre. Le jeune homme trouve ce tourment délicieux car il réalise, à 27 ans, que c’est la première fois de sa vie où il se sent vivant. En acceptant le rôle de confident et ami, il aspire à substituer l’homme que Nastenka attend.
Notre narrateur est un fonctionnaire gris sans amis ni famille, qui mène une existence solitaire et anodine sans aucun éclat ni émotion. Nastenka de son côté vit cloitrée avec sa grand-mère, une dame aveugle qui surveille ses moindres mouvements. L’amoureux de Nastenka était parti à Moscou mais il lui avait promis qu’il reviendrait à Saint-Pétersbourg après un an, pour venir la chercher. L’année écoulée, Nastenka désespère de le revoir. Entretemps, notre narrateur rêve d’une autre vie et trompe son écrasante solitude à base de promenades dans la ville. La rencontre de ses deux âmes solitaires se développe en quatre rendez-vous successifs, et permet à Dostoïevski de réfléchir sur le caractère ambivalent des sentiments.
‘Les nuits blanches’ fut adapté en 1947 au cinéma dans un très beau film réalisé par Luchino Visconti, avec Marcello Mastroianni et Maria Schell, et remplaçant Saint-Pétersbourg par Venise. Lu deux fois à plus de trente années d’intervalle, cette belle novella pourrait être une première porte d’entrée pour attaquer l’œuvre du géant russe.
Citation :
« Aujourd’hui, la journée a été triste, pluvieuse, sans éclaircie, comme ma future vieillesse. »
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